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4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 16:18

D'autres villages tourangeaux ont leur gloire musicale, comme Noizay avec Francis Poulenc. 
Vouvray, c'est Charles Bordes. Il est né dans la commune en 1863, il y est enterré dans "le cimetière dans les vignes". 
Il est injustement méconnu.
Sa tombe, recherchée par les admirateurs, vient d'être l'objet d'une restauration entreprise par la commune. 

Beaucoup ont vu le monument sur le mur de l'église, et veulent en savoir plus. 

C'est ce que nous proposait Hubert Nivet, Président de l'association Charles Bordes, vendredi 29 avril 2022, dans une belle conférence proposée par la Mairie, à l'Espace Simone Veil.

Hubert Nivet a montré les attaches vouvrillonnes de Charles Bordes, avec sa mère très musicienne et compositrice de romances et son essor, rapide et trop bref. En effet, il était d'une santé fragile et il est mort à 46 ans seulement, en 1909, après plusieurs AVC. Très doué, Charles Bordes a reçu une formation musicale  complète avec Marmontel et César Franck. Il a participé à la vie artistique avec ses amis musiciens ; Hubert Nivet a montré par un graphique combien il était central.

Charles Bordes a abordé plusieurs aspects de la musique : chant grégorien, la Renaissance avec Palestrina, la musique populaire, l'opéra, et aussi la musique baroque. Ainsi c'est lui qui a appris aux Français que leur 18e siècle était illustré par Rameau. Il a été maître de chapelle de Nogent-sur-Marne puis de Saint Gervais. 

Il a créé (indépendamment de l'église qui trouvait sa musique trop exigeante) le chœur des Chanteurs de Saint Gervais et parcouru tout le pays pour y répandre "la bonne parole" musicale. Très pédagogue, il fonde en 1894 la Schola Cantorum avec Vincent d'Indy et Alexandre Guilmant.

 En ce qui concerne la musique populaire il a été chargé par le Ministère de l'Instruction Publique de deux missions de collectage au Pays Basque. Il est resté attaché à cette région qui l'a inspiré toute sa vie. Il a aussi édité, avec Yvette Guibert notamment, une revue consacrée au chant populaire français. 

La conférence d'Hubert Nivet était illustrée par de nombreuses photos et aussi plusieurs plages musicales. Les auditeurs ont pu ainsi avoir un aperçu très agréable de ce qui habitait l'imagination d'un musicien français à la fin du 19e siècle, du chant grégorien à la Missa Brevis de Palestrina, des mélancoliques chansons basques en euskara aux chants populaires. L'ami de Charles Bordes, Paul Poujaud, a partagé avec lui sa culture musicale et littéraire. Les médecins l'avaient envoyé dans le midi, pour avoir chaud. Il vivait à Montpellier mais ne pouvait réduire son activité musicale.

Les photos le montrent dirigeant les choristes, malgré un bras gauche paralysé. 

Charles Bordes a écrit de nombreuses mélodies, notamment sur des poèmes de Paul Verlaine, partageant son univers et essayant de mieux atteindre les auditeurs.  Un autre exemple de cette préoccupation : pendant l'Exposition Universelle de 1900, il a fait venir des centaines de visiteurs dans l'église en carton-pâte de St Julien, pour leur faire entendre les Chanteurs de Saint Gervais… Ses activités multiples de "prosélytisme musical" ont réduit son œuvre de créateur. Outre les mélodies, on lui doit de la musique instrumentale variée comme la Suite Basque et un opéra sur un thème basque (Les trois vagues) malheureusement resté inachevé.

Dans sa conférence, dite avec simplicité et humour, Hubert Nivet s'est

montré proche des auditeurs. Il rendait ses propos, riches en érudition, agréables à suivre, dans un bain musical. Il y avait une trentaine de personnes, parmi eux des musiciens, d'anciens élèves de la Schola, des Vouvrillons, qui voulaient en savoir un peu plus sur celui qui honora leur commune.

 

 

[L'affiche de la conférence, placée au début de ce billet, utilise un portrait de Charles Bordes jeune, probablement lorsqu'il est devenu Maître de chapelle à Nogent-sur-Marne, en 1887 (il avait 24 ans).  
La conférence, ayant un caractère "généraliste", bien des illustrations et des liens pouvaient convenir.
J'ai privilégié les illustrations inédites dans le blog. Ainsi,  la Schola dans la rue Saint Jacques au début du 20e siècle, le mas Saint Genès à Montpellier ou bien (avant-dernière photo, provenant de Musica n°24, septembre 1904) les choristes dans la Galerie Henri II au Château de Fontainebleau, dirigés par Charles Bordes (vu de dos) de la main droite, le bras gauche paralysé pendant le long du corps. Comme il est dit dans le compte-rendu, Hubert Nivet avait montré le document.
On pourra, si l'on veut, écouter Phillip Sears jouant au piano la première des Fantaisies Rythmiques (
https://www.youtube.com/watch?v=hnz81Ni4-v0 ) ou "The Tallis scholars" le Kyrie de la Missa Brevis de Palestrina (https://www.youtube.com/watch?v=Ot6Cv8T3pAs) ou encore par le "Martinu Quartet" de Prague,  le premier mouvement de la Suite basque
(
https://www.youtube.com/watch?v=dnyKTKZecmU ), et, chantée  en euskara par Antton Valverde, la chanson Choriñoak kaiolan d'où provient le thème de la
Suite Basque (
https://www.youtube.com/watch?v=gOhq1kkfZNA ). La mélodie Dansons la gigue, (https://www.youtube.com/watch?v=fwAUTcdJJ_8 ) montre cette proximité affective et intellectuelle qui existait entre Verlaine et Rimbaud comme entre Charles Bordes et Paul Poujaud (à qui la mélodie est dédiée).]


BC
 

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