Le nom de ce musicien est évidemment associé à celui de Charles Bordes. Il figure sur la photo
souvent reproduite (par exemple dans la thèse de Bernard Molla, Tome I, p.66) avec Vincent d'Indy (à droite) et Charles Bordes (à gauche) devant lui. Ce sont bien sûr les fondateurs de la Schola Cantorum, photographiés sur le perron de l'école, dans son local définitif, au 269 rue St Jacques, donc après 1900. La Schola Cantorum a été fondée en 1896, et Alexandre Guilmant en était dès le début. Il était présent à la réunion fondatrice du 6 juin 1894 (cf Bernard Molla, op. cit. p.67).
Alexandre Guilmant (1837-1911) était déjà très célèbre quand Charles Bordes l'a appelé à ses côtés.
Depuis 1871 il tenait les orgues de la Trinité à Paris. Sa carrière est marquée par de nombreuses tournées en France et à l'étranger, notamment aux Etats-Unis. Ce n'est pas le but de ce billet de parler en détail de sa carrière d'organiste, ni de son travail de compositeur et de son rôle comme enseignant. A la Schola Cantorum, il avait, outre ses fonctions de direction, la classe d'orgue. En cliquant ici vous lirez la notice de Wikipédia (elle contient sa fugue alla Haendel, op. 49 et renvoie à plusieurs pièces d'Alexandre Guilmant interprétées sur YouTube), et en cliquant là, le site passionnant qui lui est consacré, tenu (en anglais) par Piet Bron aux Pays-Bas. Il contient de nombreuses photos et une discographie très riche.
Enfin vous lirez la notice très complète écrite en 1987 par Denis Havard de la Montagne pour Musica et Memoria. Nous lui empruntons la photo de Branger-Doyé où l'on voit Alexandre Guilmant au grand orgue du Trocadéro.
Il y a joué pendant plus de vingt ans. On trouvera, dans les profondeurs du Palais de Chaillot, un monument bien caché qui lui rend hommage.
Ce monument est l'œuvre de Paul Theunissen (1873-1931) ; il en a déjà été question dans ce blog. Il est intéressant de noter que ce sont des choristes que le sculpteur a choisis pour cet hommage :
Pouvait-on exprimer plus fortement le lien de Guilmant avec la Schola et l'aboutissement qu'elle représentait pour lui ?
Charles Bordes lui avait dédié en 1899 la mélodie La ronde des prisonniers écrite sur le poème de Verlaine. Pour le service funèbre consacré à Charles Bordes le 18 novembre 1909, Alexandre Guilmant joua une improvisation dont il a écrit par la suite les thèmes ; ce manuscrit est reproduit dans le numéro spécial de La Tribune de St Gervais consacré à Charles Bordes (p. 3) :
Le site musimem (Musica et Memoria) en propose l'audition dans l'interprétation du Dr Aurelio Genovese à la basilique des Saints Gervais et Protais de Rapallo ; cliquez d'abord ici, puis, une fois sur musimem, cliquez sur la flèche.
Deux ans plus tard la même Tribune publiait un numéro spécial à la mort d'Alexandre Guilmant. On le trouvera sur Gallica. En le lisant, on verra la richesse du personnage. Chrétien certes, comme Charles Bordes, mais comme Charles Bordes, d'abord musicien. Son art ne nous parvient pas masqué par l'idéologie.
Le frère du sculpteur du monument du Trocadéro, Corneille Theunissen (1863-1918), a lui-même modelé un buste d'Alexandre Guilmant (Salon de 1902, actuellement dans les collections du Château-Musée de Boulogne sur Mer).
Un lumineux portrait, par lequel nous terminerons ce billet. Et vous écouterez sur YouTube le Scherzo Symphonique (opus 55). Il est joué par Clive Driskill-Smith sur l'orgue de la cathédrale Christ Church à Oxford.