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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 21:32

Voici un conte que la Bibliothèque Municipale de Vouvray offre à ses jeunes lecteurs. Il est dans le répertoire de l'Ours, le conteur, et a déjà été raconté à plusieurs reprises, en particulier pour les enfants du Centre aéré.

Le texte, et un commentaire, ont paru dans le n° 24 du bulletin de la BMV, Les Liserons. C'est une adaptation du conte Les Trois Vagues publié en 2000 par Actes Sud Junior et actuellement épuisé. Il est raconté par Diane Barbara, et nous en reprenons les illustrations de Dorothée Duntze.

Mais un conte convient à de nombreux âges. C'est ce qu'on oublie souvent. (Certains font du storytelling en entreprise ou même en politique, mais c'est une trop longue histoire, un autre jour, peut-être.) Ici, dans cette version, Les trois vagues convient à de jeunes enfants (de 3 à 9 ans), mais le conteur peut l'adapter à son public. Des adultes pourraient aussi trouver quelque chose de roboratif dans ce récit d'une lutte pour la liberté.

Un autre billet vous donnera la version recueillie par Araquistain et publiée en 1866. Elle est différente, mais on y retrouve les vagues de lait, de larmes et de sang. C'est la version que connaissait Charles Bordes et qu'il a utilisée dans son opéra inachevé Les Trois Vagues.

Dans une de ses mélodies, écrite en 1895, le 'Madrigal à la musique', traduction de Maurice Bouchor du poème de Shakespeare dans Henry VIII, Acte III, scène 1, (Orpheus with his lute made trees…), il est dit, à propos d'Orphée et de son luth "…la vague marine,/vaincue, à ses pieds déferlait."

Le courageux marin du conte est comme le musicien : il soumet les vagues. C'est ce pouvoir de la musique que Charles Bordes exprime.

 

Voici l'histoire de Peyo (Pierre, en basque).

Peyo le pêcheur rentre au port bien fatigué.

Mais il ramène un panier de sardines de sa journée en mer.

Ça se passait du côté d'Hendaye, ou peut-être de Bermeo, au Pays Basque, là où il y a de grosses vagues sur l'océan. On y vient même de Californie pour faire du surf. Si on n'est pas surfer ou bon marin comme Peyo, il vaut mieux être prudent.

Au port, il y a Sorgin la sorcière qui attend. Elle est méchante, c'est une lamie disent les Basques. Méchante et envieuse : quand elle voit quelque chose qui lui plaît, elle le prend. Une poche magique apparaît dans son manteau noir : c'est là qu'elle met ce qu'elle a pris. Elle veut les sardines de Peyo. Il n'est pas d'accord. Il a travaillé toute la journée pour les pêcher.

"Va-t-en, sorcière, pousse-toi, laisse-moi passer : tu n'auras pas mes sardines."

Et Peyo passe et rentre chez lui.

Sorgin est furieuse. Elle veut se venger. Elle va dans les dunes de sable près du port rencontrer ses deux amies, comme elle habillées de noir. Par hasard, Takio, l'ami de Peyo, se trouve par là. Il se cache bien, dans un repli de sable et il écoute ce que disent les trois sorcières.

Et il court vite chez Peyo pour le prévenir. "Peyo, tu es en grand danger !  J'ai entendu les trois lamies. Voilà ce qu'elles veulent faire de toi. Il y aura trois vagues. La première, de lait, sera pour te faire peur. La deuxième, de larmes, pour te glacer le cœur et la troisième, desang, pour te tuer. Méfie-toi !"

Peyo répond : "Je n'ai pas peur. Veux-tu venir avec moi sur l'océan ? Tu tiendras le gouvernail."

Takio hésite, mais il sait que Peyo est un bon marin et il dit oui.

Le matin ils partent sur la mer dans la barque de Peyo. Dès qu'ils sont au large, ils voient une très grosse vague arriver sur eux. L'écume la rend blanche comme le lait. Peyo n'a pas peur. Il crie à son ami : "Tiens bon le gouvernail, nous passerons !"

Et ils passent sur la vague.

conte--LTV--p17.jpg

Aussitôt arrive la deuxième vague, énorme, amère comme les larmes, celle qui doit lui glacer le cœur. Peyo n'a pas peur. Il crie à son ami : "Tiens bon le gouvernail, nous passerons !"

Ils sont bien secoués, mais ils passent sur l'énorme vague qui déferle.

Très vite la troisième vague apparaît, celle qui doit tuer Peyo.Il n'en a jamais vu de si grosse. Plus haute que la plus haute des maisons de Bayonne. Mais il n'a pas peur.. Il saisit son harpon, qu'il utilise pour aller quelquefois à la pêche à la baleine ou au gros poisson. Il crie à son ami Takio : "Tiens bon le gouvernail, nous passerons !" Takio cramponne le gouvernail. Peyo s'est dressé sur sa barque. Avec son harpon, il vise le cœur de cette vague, plus haute qu'une maison.

conte--LTV--p-22.jpg

Et il le lance au moment où la vague allait engloutir la petite barque. La vague devient toute rouge, comme du sang et on entend comme un cri sur tout l'océan.

La barque passe.

Cette vague qui était plus haute qu'une maison est devenue une ondulation de rien du tout.

Peyo et son ami Takio sont épuisés. Ils rentrent au port. Il ne leur arrive plus rien. Sur la plage, ils trouvent un grand manteau noir avec plein de poches, tout mouillé, abandonné.

On n'a plus jamais revu Sorgin la méchante lamie. Quelquefois on croisait ses amies toutes en noir qui pleuraient.

 

Peyo avait gagné son combat pour la liberté.

 

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