Charles Bordes a écrit peu de mélodies. Une quarantaine environ. On peut trouver la plupart assez facilement, mais quelques-unes sont bien cachées.
Deux recueils consultables dans les principales bibliothèques en regroupent l'essentiel. Il s'agit de :
- Dix-neuf œuvres vocales, Paris, Rouart, Lerolle & Cie, 1914
- Quatorze mélodies, Paris, Hamelle, 1921.
Dans les deux cas les mélodies, dont beaucoup existaient séparément, ont été revues à partir des manuscrits par Pierre de Bréville, contemporain de Charles Bordes à la Schola. Dans son discours pour l'inauguration du monument de Vouvray en 1923, il raconte comment Charles Bordes, alors étudiant, lui a fait connaître sa première mélodie, intitulée Avril, sur le poème Vieil air d'Aimé Mauduit. C'était en 1883, Charles Bordes avait 20 ans.
Les deux recueils regroupent trente trois mélodies. Restent les autres. L'auteur de ces lignes a trouvé les poèmes. Ils figurent dans la plaquette publiée par la Bibliothèque Municipale de Vouvray : Les mots sous la poésie, Charles Bordes et ses poètes (BMV, 2009). Mais il n'a pas su trouver les mélodies proprement dites.
La mélodie sur le poème de Verlaine Colloque sentimental (Dans le vieux parc solitaire et glacé…) est mentionnée comme étant le supplément de La Revue Musicale du 1er août 1924. Ce supplément a disparu dans l'exemplaire consulté à la BNF, rue Richelieu. Il faudrait mieux chercher ailleurs et peut-être des collectionneurs l'ont-ils. Elle est chantée par Susan Bickley dans le CD Voices, vol. 2 : Half close your eyes, sorti en mai 2003.
D'autre part, Les trois mélodies, (Chanson triste, Sérénade mélancolique et Fantaisie persane), sur des poèmes de Jean Lahor, constituent l'opus 8 de Charles Bordes ; elles ont été publiées (chez Le Bailly et O. Bornemann).
Il faudrait localiser les manuscrits. Il y a probablement un sonnet de Baudelaire, peut-être Green de Verlaine (Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches…) que Ruth L. White qualifie de "mélodie introuvable". Il y en a vraisemblablement d'autres.
Pour terminer, quittons la localisation des mélodies pour dire deux mots du contenu. Si on considère seulement les deux volumes mentionnés plus haut, sur 33 mélodies, 15 sont sur des poèmes de Verlaine, les autres sur des textes divers d'auteurs connus aujourd'hui (Hugo, Francis Jammes, Jean Moréas) ou moins connus, voire pas du tout (Maurice Bouchor, Jean Lahor, Camille Mauclair, Aimé Mauduit, Louis Payen, Léon Valade, etc.)
On notera que dans le recueil de 1914 (Dix-neuf œuvres vocales), les types de voix auxquelles les mélodies conviennent est indiqué : voix élevées, moyennes ou graves (peu) et qu'une mélodie est un duo pour soprano et ténor. Il s'agit de L'Hiver sur un poème de Maurice Bouchor. On notera surtout, dans le même recueil, que le Madrigal à la Musique (sur une traduction par Maurice Bouchor d'un poème de Shakespeare), essentiel pour comprendre Charles Bordes, les lecteurs de ce blog le savent bien, est un chœur (le seul) à 4 voix mixtes (sopranos, altos, ténors et basses).
Chaque pièce a un dédicataire, ami, musicien, compositeur, mélomane, tous réunis par la musique. La présence de chacun donne un sens particulier à la mélodie. Ainsi, l'Epithalame sur un poème de Paul Verlaine, composé à Nogent-sur-Marne en 1888, est dédié à Alfred Ernst, critique musical à La Vie Contemporaine, qui écrira quatre ans plus tard à Verlaine pour l'inviter de la part de Charles Bordes à suivre la Semaine Sainte à St Gervais.
Ce billet voulait d'abord être une aide et répondre à la question : Où sont les mélodies ?
Maintenant il faut entendre ces mélodies.