C’est par ces mots, dans une lettre non datée, transcrite par Bernard Molla dans sa thèse (Tome III, p.23), que Charles Bordes désigne la Caisse des Dépôts et Consignations.
Il y gagne 50 francs par mois, et survit, d’août 1883 à juillet 1887. En 1883, il a 20 ans, sa mère meurt le 26 août.
Après la vente (1879) de la Bellangerie, dévaluée par le phylloxéra, s'il reste un peu d'argent, globalement la famille est ruinée. C’est ce que note Georges Pioch dans sa notice nécrologique (Musica, janvier 1910), mais il ne mesure pas la frustration de Charles Bordes sur le plan musical : "Il avait été riche ; la pauvreté où son existence se résigna dès sa vingtième année lui fut légère et sans amertume." Dans la lettre que nous citons, on voit bien que Charles Bordes n’était pas très heureux à la Caisse des Dépôts et Consignations. Il se décrit : "je n'ai pour toute sublimité que le bureau dans lequel je suis accroupi de 10 heures à 4 heures à la caisse de dépôt et réception, 1er bureau vieillesse…" Il écrit "la Caisse m'a déjà pris tout mon temps en Septembre, alors que pressé par mon concours Rossini, j'aurais dû m'y adonner complètement" ; et il ajoute "et la divine musique passe après".
Si ce n'est pas de l'amertume…
La musique, enfin, arrive le 10 juillet 1887 quand Charles Bordes accepte la place vacante de maître de chapelle et d'organiste à l'église de Nogent-sur-Marne. (Source, Bernard Molla, op. cit., Tome II, p.481.)
La CDC est toujours là, rue de Lille.