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3 juin 2021 4 03 /06 /juin /2021 09:21

Charles Bordes est né à Vouvray le 12 mai 1863 à la Bellangerie. Son père, Frédéric Bordes était Maire de la commune jusqu'en 1870. Il est mort en 1875. La famille fut ruinée par le phylloxéra et la propriété vendue en 1879. La mère de Charles Bordes était musicienne. Sous le nom de Marie de Vouvray, elle avait écrit et publié des romances (Les vœux du cœur, La chanson du battoir, L'heure des rêveries, etc.) chantées dans les salons vers 1830. Elle a influencé profondément son fils Charles et plus tard lui a fait découvrir l'Allemagne. Elle mourut en 1883. Après des études chez les Dominicains d'Arcueil, Charles Bordes devint élève au Conservatoire où il étudia  le piano avec Marmontel. Il était aussi l'élève de César Franck et faisait partie de la "bande à Franck"  : Pierre de Bréville, Emmanuel Chabrier, Ernest Chausson, Vincent d'Indy, Henri Duparc, Albéric Magnard, André Messager, Guy Ropartz, Charles Tournemire, Louis Vierne, etc. tout ce qui comptait dans le milieu musical. Ils étaient très marqués par Wagner, faisaient le pèlerinage de Bayreuth, tout en défendant la musique française (avec, par exemple, la S.N.M., Société Nationale de Musique, dont la devise était "Ars gallica" ).  Tout de suite Charles Bordes écrit des mélodies sur des poèmes reflétant son époque et son âme tourmentée (par exemple sa mélodie sur le sonnet Recueillement de Baudelaire date de l'été 1884).
Pour survivre, dès 1883, il travaille à la Caisse des Dépôts et Consignations. Il continue tant bien que mal ses études musicales ; il organise de son mieux des soirées musicales très courues, chez lui, rue de la Rochefoucauld dans la "Nouvelle Athènes", avec son frère Lucien, violoncelliste, et sa future belle-sœur Marie-Léontine Pène, pianiste.
Il assiste à une conférence de Gaston Paris au Cercle Saint Simon, au printemps 1885 ; il en gardera l’amour de la musique basque. En 1887 il est engagé comme Maître de chapelle et organiste à St Saturnin de Nogent-sur-Marne puis en 1890 à St Gervais, l'église des Couperin, à Paris. Il est guidé par son ami, l'avocat mélomane Paul Poujaud, éminence grise de la musique française et lettré.

 Charles Bordes crée en 1892, indépendamment de l'église, les "Chanteurs de St Gervais" avec lesquels il fait toute sa vie des tournées dites "de propagande" à travers le pays. L'été 1889 et le suivant, il est missionné par le Ministère de l'Instruction Publique pour une collecte ethnomusicologique au Pays Basque. Des conférences, la publication de Cent chansons populaires basques dans les Archives de la tradition basque (1890), Douze Noëls populaires basques (1894), Kantika espiritualak (1897) et plus tard Douze chansons amoureuses du pays basque français (1910) en résultent. Dans ce dernier recueil se trouve Choriñoak kaiolan, hymne à la liberté, entendu chez Gaston Paris et dont le thème se retrouve dans plusieurs œuvres composées par Charles Bordes dont la Suite basque et la Rapsodie basque.
Très intéressé par le plain-chant, il avait de fécondes relations avec Dom Pothier et Dom Mocquereau de l'Abbaye de Solesmes, centre du grégorien. Sur le Monument de l'église de Vouvray, le sculpteur (Médéric Bruno) a représenté trois enfants du Chœur de St Gervais chantant les neumes qu'on peut lire sur l'antiphonaire. Charles Bordes s'attachait à faire revivre la musique sacrée et profane du Moyen âge, de la Renaissance et au-delà : Palestrina, Vittoria, Allegri, Roland de Lassus, Clément Jannequin, Guillaume Costeley, sans oublier Monteverdi. Les concerts de l'église St Gervais eurent un grand succès auprès des Parisiens ; en particulier la Semaine Sainte de 1892. La fabrique de St Gervais jugeait ce renouveau de la musique liturgique exigeant mais loin de la musique à la mode. Le conseil de fabrique "remercia" Charles Bordes en mai 1902. Il continua cependant ses tournées avec les Chanteurs de St Gervais.

 

 

 


[Ce billet, la première partie de "Présence de Charles Bordes",  est principalement constitué par le début d'une notice non publiée écrite en mars 2020. Le tout est constitué de trois parties : 1/3, 2/3 et 3/3.
Les illustrations sont (dans l'ordre) : 
1. le portrait de Charles Bordes,Tribune de Saint Gervais, numéro spécial In Memoriam, décembre 1909 ; 
2. Paul Poujaud et Charles Bordes, à Solesmes en juillet 1897. Paul Poujaud a 42 ans, Charles Bordes 34. Je remercie Dom Hala de l’autorisation de montrer cette photo. 
3. Charles Bordes dirigeant "Les chanteurs de St Gervais", thèse de Bernard Molla, Tome I, p.22 (voir aussi Musica n°24, septembre 1904). 
La bibliographie, discographie, etc. sera avec le 3/3 de "Présence de Charles Bordes".]

 

 

BC

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