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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 11:44

Le nom même de Charles Bordes est peu connu. Ce n'est pas surprenant, vu l'oubli et les perspectives faussées. Même à Vouvray, où il est né, certains le découvrent, qui par leur fonction devraient en savoir plus. Je citerai donc, d'abord, la brève notice de l'Encyclopedia Universalis, écrite par Paul Lacas (cette notice se trouve dans le Thésaurus, édition de 1977) ; elle peut rendre service.

 

Musicien français, chef de chœur, compositeur et musicologue, Bordes fut l’élève de Franck et de Marmontel. Il a joué un rôle non négligeable dans le renouveau esthétique en matière de musique sacrée, et son amour éclairé du folklore en a fait l’un des premiers chercheurs de la fin du XIXe siècle. Maître de chapelle à Saint-Gervais (Paris), il fonda la Société des chanteurs de Saint-Gervais (1892). Sous sa direction, cette chorale révéla au grand public les chefs-d’œuvre du passé, tant sacrés que profanes (Palestrina, Lassus, Victoria, Josquin Des Prés, P. de La Rue, Loyset Compère, Allegri, Lotti, M.-A. Charpentier, J.-B. Moreau, ainsi que Bach, Lully, Couperin, Rameau, Lalande, Schütz, Carissimi, Destouches, Campra). «Les exemples qu’il proposait à ses auditeurs émerveillés abolissaient les servitudes des symétries rythmiques, du cloisonnement des périodes ponctuées par de plates cadences; ils délivraient la musique du souci de l’effet, d’une expression dramatique et confidentielle. Ils restituaient à la musique la primauté de la mélodie et du contrepoint» (R. Bernard). C’est Bordes qui prit l’initiative de fonder la Schola cantorum (1894) avec d’Indy et A. Guilmant, qui se montrèrent enthousiastes dès le début. Il en publia et dirigea le bulletin, La Tribune de Saint-Gervais, qui défendait une doctrine esthétique que ses adversaires traitèrent, non sans quelque exagération, de «formalisme». Ses œuvres religieuses, dans un style toujours clair et soigné, s’adaptent parfaitement aux fonctions que la liturgie de l’époque assignait à la musique. Le premier, il mit en musique des textes de Verlaine. Ses mélodies, en raison de leur fraîcheur, de leur tendresse, de leur simplicité frémissante, méritent d’être entendues.

 

(La référence de l'Universalis à R. Bernard est apparemment à son livre Les tendances de la musique française moderne, Paris, 1930.)

Bien que le mot 'compositeur' soit employé, il est mal illustré. Le travail de Charles Bordes sur le folklore basque et ses œuvres personnelles qui en dérivent n'est pas mentionné. Les dernières phrases, sur les mélodies, leur rendent justice, mais il faut ajouter que si Charles Bordes a publié environ 15 mélodies sur des poèmes de Verlaine, il en a publié une quinzaine d'autres sur des textes de divers auteurs dont Léon Valade, Jean Lahor, Maurice Bouchor, Francis Jammes, sans oublier Aimé Mauduit. Elles aussi valent la peine d'être entendues. Nous en reparlerons.

 

Les curieux trouveront sur Internet diverses présentations de Charles Bordes. Ils feront bien de se méfier car le copier/coller a fait des ravages. On découvre avec stupeur qu'il y a eu même une polémique sur le plagiat ; un compromis a été trouvé : la brève notice actuelle de Wikipédia renvoie au site de musicologie.org dont l'auteur, Jean-Marc Warszawski, avait été plagié.


Une erreur banale, que fait d'ailleurs le site que nous venons de mentionner, concerne le lieu de naissance. On trouve dans la notice du Grove, par ailleurs solide, que Charles Bordes est né à "Rochecorbon nr Vouvray" (il faut comprendre near). Peut-être faudrait-il inverser les termes, car si "le château" de la Bellangerie, où Charles Bordes est né, est – certes en limite - dans la commune de Vouvray, la ferme des Souchots qui lui était rattachée et où la mère de Bordes, 'Marie de Vouvray', allait, selon la tradition, faire ses dévotions dans la chapelle troglodytique que Michel Daudin a retrouvé, se trouve sur la commune de Rochecorbon. Et si on remonte les siècles, cette Bellangerie était un fief qui dépendait de la baronnie de Rochecorbon. Mais irons-nous jusqu'au Moyen-âge ?

 

L'acte de naissance, consultable aux Archives départementales d'Indre et Loire et à la mairie de Vouvray donne l'information imparable :

 

Acte de naissance, photo MD.

 

Charles Bordes est bien né à Vouvray. Son père Frédéric Bordes en était le Maire. Le seul Rochecorbonnais de l'affaire était le Dr Lebled qui l'a mis au monde et signe aussi l'acte.

 

On lira avec profit les catalogues de la Médiathèque Hector Berlioz du Conservatoire de Musique à Paris, et celui de la BNF (actuellement environ 160 notices). Même là il faudra être circonspect. Ainsi 'notre' Charles Bordes est quelquefois confondu avec son homonyme du 18e siècle, auteur d'ouvrages légers, voire grivois…

 

Une présentation rapide mais assez complète et équilibrée se trouve dans le texte de la causerie faite par Michel Daudin à l'Académie de Touraine (le 8 janvier 2010).

On regrettera l'absence de références, et certaines erreurs comme sur le nom du sculpteur du monument de Vouvray, mais c'est un texte utile.

 

Enfin, on lira avec intérêt la très complète notice sur Charles Bordes écrite par Octave Séré en 1915 dans Musiciens français d'aujourd'hui. En cliquant ici on trouvera en pdf l'exemplaire de l'Université de Toronto.

 

Un autre billet dans ce blog vous proposera une bibliographie.

 

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